Cet article examine si l’obligation de rendre compte peut contribuer à l’analyse de l’efficacité des associations en France. Sur la base d’études récentes et de la théorie des parties prenantes, des hypothèses sont formulées concernant le lien négatif entre la qualité des rapports et l’efficacité financière et le lien positif entre la qualité des rapports et l’efficacité non financière. Les résultats montrent que les pratiques de reddition de comptes sont des déterminants positifs des indicateurs financiers (à l’exception du ROA) et de l’emploi des personnes en difficulté. En revanche, les autres indicateurs non financiers ne sont pas expliqués par les pratiques de reddition des comptes. L’étude souligne la complexité et les paradoxes de la reddition de comptes et met en évidence le risque d’y être insensible. Elle souligne ainsi une spécificité française, proche des risques de myopie. Une explication possible pourrait être les mécanismes de couplage et de découplage qui permettent aux associations de retrouver du pouvoir. Compte tenu des effets parfois aléatoires de la reddition des comptes, la production de théories nuancées est nécessaire et la gouvernance doit osciller entre équilibre et adaptation face aux parties prenantes. Enfin, cet article introduit le risque d’insensibilité des associations à la reddition des comptes (c’est-à-dire qu’elles agissent à leur guise, sans tenir compte des mécanismes de contrôle). Cette étude révèle donc des dilemmes de gouvernance, qui pourraient être résolus par une reddition des comptes moins formelle, plus orientée vers la mission, plus créative et donc hétérodoxe. Le contexte français de méfiance à l’égard de certaines approches managériales et le développement de codes de gouvernance fondés sur une vision disciplinaire sont ainsi confrontés à une littérature croissante et critique sur la reddition des comptes dans les organisations à but non lucratif (OBNL).
Lire cet article scientifique en intégralité ici.